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Retour sur la tournée pin maritime en Aquitaine

12/02/2019

Voyage d’étude Pin maritime

Les 6, 7 et 8 février 2019 une délégation de professionnels bretons (exploitants forestiers, scieurs, forestiers) s’est rendue en Aquitaine dans le massif des Landes de Gascogne pour rencontrer les professionnels qui cultivent, transforment et valorisent le Pin maritime depuis des décennies.

Nous avons pu voir 3 scieries avec des caractéristiques différentes :

scierie beynel gps Sciere BEYNEL PGS

tournee pin maritime usine Beynel PGStournee pin maritime Beynel PGS

Une complémentarité entre les produits est développée pour valoriser au mieux la totalité de l’arbre et tirer parti des caractéristiques du Pin maritime. Le débit est réalisé avec une ligne canter complétée de scies rubans pour une bonne complémentarité.

tournee pin maritime scierie Lesbats jpgtournee pin maritime scierie Lesbats2 jpg

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tournee pin maritime FP Boistournee pin maritime FP Bois2

tournee pin maritime FP Bois3 tournee pin maritime FP Bois4

Nous avons également échangé avec une chargé de projets de Xylofutur, pôle de compétitivité de la filière forêt-bois. Xylofutur peut accompagner des industriels ou des groupements d’entreprises dans des projets de R&D, que ce soit sur des sujets forestiers, liés au matériaux bois ou à la chimie verte.

Le vendredi a été consacré aux aspects forestiers. Le pôle Biotechnologies et sylviculture avancée du FCBA nous a présenté l’état des lieux du massif forestier, l’état des lieux sur les améliorations concernant le Pin maritime et nous a présenté ses laboratoires où des techniques avancées de sélection et de multiplication des arbres est mise en œuvre. Cette unité a également une mission de conservation du patrimoine génétique forestier en stockant en milieu contrôlé de très nombreux échantillons végétaux.

tournee pin maritime FCBA tournee pin maritime FCBA2

tournee pin maritime FCBA3

Enfin nous sommes allés en forêt sur un chantier de première éclaircie du Pin maritime.

La coopérative Alliance Forêt Bois a présenté son rôle de structuration de la filière locale et son rôle important dans la phase de reboisement post-tempête. Dans les années à venir, du fait des forts reboisements récents, les travaux forestiers vont s’axer principalement sur le suivi de plantations et les premières éclaircies, faisant craindre des difficultés majeures dans la rentabilité des entreprises de travaux forestiers indépendantes.

tournee pin maritime foret

Nous sommes arrivés avec nos questions bretonnes à savoir la nécessité de transformer à nouveau de manière plus massive le Pin maritime en substitution de l’Épicéa de Sitka et la difficulté de faire accepter cette essence plus rouge par les clients des transformateurs.

Nous avons découvert des professionnels landais qui se sont adaptés à cette essence en adoptant des stratégies permettant de s’affranchir du problème de la courbure (billonnage plus ou moins court des bois, aboutage, communication envers les charpentiers…) mais qui font face aujourd’hui à une crise majeure, celle de la disponibilité de la ressource. En effet, suite aux tempêtes de 1999 et 2009, 40% du massif a été fortement endommagé et a dû être reboisé : le temps que les nouvelles plantations produisent les premiers bois d’éclaircie la production biologique annuelle du massif est abaissée de 8 millions de m³ à 5 millions. 5-6 années très difficiles attendent les entreprises landaises et cette situation risque d’être dramatique pour l’industrie locale.

Une autre épée de Damoclès est suspendue sur la filière landaise et qui risque de toucher également la Bretagne : celle du Nématode du Pin. Ce petit ver fait mourir les pins maritimes en quelques semaines une fois que les arbres sont infestés. Le Nématode est présent au Portugal où le Pin maritime a totalement disparu. Le Plan de surveillance et de lutte déployé à l’échelle européenne vise à contenir le Nématode au Portugal pour éviter d’infester le reste de l’Europe mais le transport des marchandises risque malheureusement de le diffuser malgré les règles draconiennes mises en œuvre. L’objectif est de retarder au maximum son arrivée en France.

Ce déplacement nous a fait prendre conscience encore plus fortement la fragilité d’un massif et d’une industrie où tout est axé sur une seule essence : c’est une force quand tous les paramètres sont au vert mais la moindre crise peut vite devenir dramatique car il n’y a pas de solution de rechange.

En Bretagne, sachons tirer parti de la diversité des essences présentes en mettant en valeur les caractéristiques et singularités de chacune dans une complémentarité des produits et des usages.

Nous remercions le CODEFA qui nous a aidé à organiser ce voyage d’étude en mobilisant les différentes entreprises rencontrées.